L’alternance : un parcours valorisé mais parfois interrompu
L’alternance est devenue une voie de formation très appréciée, permettant aux étudiants de combiner études et expérience professionnelle. Cependant, un nombre croissant d’étudiants choisissent de rompre leur contrat avant son terme, un phénomène qui s’intensifie ces dernières années.
L’impact de la loi avenir professionnel sur les ruptures de contrat
La loi avenir professionnel de 2018 a assoupli les conditions de rupture des contrats d’apprentissage, rendant le processus moins contraignant. Désormais, employeurs et apprentis peuvent plus facilement mettre fin au contrat, entraînant une hausse des ruptures. Si cet assouplissement peut favoriser une plus grande mobilité, il permet aussi aux jeunes de chercher des expériences plus adaptées à leurs aspirations. Le graphique ci-dessous montre l’augmentation du taux de rupture des contrats d’apprentissage depuis 2017.
Quels sont les motifs de rupture du côté étudiant ?
1. Désintérêt pour le métier préparé
Un des motifs les plus courants de rupture réside dans le désintérêt pour le métier choisi.
Les étudiants peuvent réaliser que le domaine ne correspond pas à leurs attentes ou à leurs aspirations professionnelles, ce qui les pousse à abandonner leur contrat.
Par exemple, un étudiant en alternance occupant un poste de Business Developer pourrait, au fil de son expérience, réaliser que cette voie professionnelle ne correspond pas à ses aspirations ou à ses aptitudes naturelles.
Cette prise de conscience peut survenir pour diverses raisons mais le plus important et de se rendre compte que le métier que nous préparons correspond véritablement à nos attentes.
C’est précisément l’un des atouts majeurs de l’alternance : elle offre aux jeunes l’opportunité d’explorer concrètement un métier, leur permettant ainsi de confirmer leur passion ou, au contraire, de réaliser qu’une réorientation serait préférable. Cette expérience pratique est précieuse, car elle aide les étudiants à affiner leurs choix de carrière en toute connaissance de cause, sans craindre de se tromper initialement.
Le saviez-vous ? Selon le DARES : Environ 19 % des apprentis invoquent le désintérêt à l’égard du métier comme motif de rupture.
2. Problème avec l’employeur ou le poste occupé
La cause première de rupture des contrats d’apprentissage est liée à l’environnement et aux conditions de travail.
L’intégration dans une nouvelle entreprise peut être un défi pour les étudiants en alternance. Ils peuvent rencontrer des difficultés à s’adapter à la culture d’entreprise et à établir des relations avec leurs collègues, ce qui peut les amener à envisager de rompre leur contrat.
De plus, des conditions de travail peu satisfaisantes, telles qu’une ambiance désagréable, des missions inadaptées ou un manque d’encadrement, peuvent également contribuer à leur désengagement. Une atmosphère de travail toxique ou des tâches peu formatrices peuvent frustrer les alternants, les poussant à abandonner leur poste.
Pour éviter ces ruptures, il est essentiel que les entreprises mettent en place un processus d’intégration efficace et créent un environnement de travail favorable au développement et au bien-être des alternants.
Le saviez-vous ? Selon le DARES : Environ 81 % des apprentis ayant rompu un contrat entre mi-2019 et le 1er mars 2020 jugent que des problèmes avec l’employeur ou le poste occupé constituent le ou un des motifs de la rupture.
3. Problèmes personnels
Les facteurs personnels, tels que des soucis de santé, des problèmes de logement ou des difficultés liées aux trajets, peuvent influencer la décision de rompre un contrat d’alternance.
Le saviez-vous ? Selon le DARES environ 18 % des apprentis invoquent des problèmes liés au logement, aux trajets, à la santé comme motifs de rupture.
4. Manque de soutien du CFA
Un manque de soutien de la part des tuteurs ou de l’administration du CFA peut également contribuer à des ruptures. Les étudiants ont besoin d’un accompagnement adéquat pour faire face aux défis rencontrés en entreprise.
Le saviez-vous ? Selon le DARES Environ 1.5 % des apprentis invoquent des problèmes avec le CFA comme motif de la rupture.
5. Rémunération trop faible
La question de la rémunération est souvent au cœur des préoccupations des étudiants.
Une rémunération jugée trop faible peut être un motif de rupture. Les apprentis peuvent estimer que leur salaire ne correspond pas à leurs efforts ou à leur niveau de compétence, ce qui peut les inciter à chercher des opportunités mieux rémunérées ailleurs.
Le saviez-vous ? Selon le DARES Environ 7 % des apprentis invoquent des problèmes de rémunération comme motifs de rupture.
A quels moment les étudiants mettent-ils fin à leur contrat ?
Conclusion
En somme, les ruptures de contrats d’apprentissage constituent un enjeu majeur tant pour les étudiants que pour les entreprises.
Alors que la loi avenir professionnel de 2018 a assoupli les règles de rupture, offrant ainsi aux alternants plus de liberté pour quitter un poste qui ne leur convient pas, il est crucial de comprendre les divers motifs derrière ces décisions.
Les raisons allant du désintérêt pour le métier à des problèmes d’intégration, de soutien insuffisant et de rémunération jugée trop faible révèlent l’importance d’un environnement de travail favorable et d’un accompagnement adéquat.
Pour limiter ces ruptures, les entreprises doivent s’engager à améliorer les conditions de travail et à faciliter l’intégration des alternants. De même, il est essentiel d’encourager les étudiants à explorer leurs aspirations professionnelles tout en leur fournissant le soutien nécessaire pour naviguer dans cette période d’apprentissage.
En adoptant une approche proactive et collaborative, il est possible de transformer l’alternance en une expérience positive et enrichissante, bénéfique tant pour les jeunes que pour les employeurs.